Bioanthropologie

LA BIOANTHROPOLOGIE

ARCAN_bioanthropologie_image01.jpg

La bioanthropologie vise à identifier l'histoire et les comportements des populations du passé à partir des restes osseux humains. Plusieurs thématiques peuvent être abordées par son intermédiaire : le recrutement funéraire, l’état sanitaire, les activités, la proximité biologique entre individus ou populations, l’alimentation, la mobilité des personnes, les fonctionnements socio-économiques...

Une partie de l’équipe du laboratoire ARCAN est actuellement impliquée dans diverses recherches en bioanthropologie. Les axes développés concernent principalement l’anthropologie de terrain (archéothanatologie), l’identité biologique (sexe et âge-au-décès), les traits épigénétiques, la biogéochimie isotopique, la paléopathologie et l’étude des crémations.

ARCAN_bioanthropologie_image02.jpg

Les projets de recherches en cours

 

En quête des premières sociétés agro-pastorales alpines par l’analyse des pratiques alimentaires, des modes de vie et des dynamiques de peuplement : une vision renouvelée

(subside FNS 10521F-205059 / 2022-2025)

https://data.snf.ch/grants/grant/205059

Ce projet de recherche concerne une période de la préhistoire, le Néolithique, qui se développe entre 5500 et 2200 av. J.-C. en Suisse occidentale et qui voit de grands changements dans les modes de vie et les fonctionnements de ses sociétés. Ce sont les premières communautés agro-pastorales. Le projet en décryptera les comportements alimentaires, les modes de vie et la mobilité par l’emploi de méthodes d’investigations interdisciplinaires.

Une première partie du projet a pour but d’analyser l’évolution des régimes alimentaires et des pratiques de subsistance. Les résultats de deux approches seront ainsi mobilisés : une approche géochimique isotopique, et une approche paléopathologique pour évaluer l’état sanitaire global à travers les atteintes environnementales et les marqueurs bio-culturels. Une seconde partie du projet a pour objectif de reconstruire l’histoire du peuplement, en étudiant la mobilité des individus tout au long du Néolithique. Pour ce faire, les résultats de trois approches seront mis en commun : l’approche géochimique isotopique, l’étude des variations épigénétiques dentaires et la paléogénomique.

Ce projet se concentre sur le canton du Valais qui a livré des occupations humaines remarquables entre le Néolithique moyen et le Campaniforme. Les découvertes funéraires y sont importantes, tant en qualité qu’en nombre. Cette situation, qui est extrêmement rare et précieuse en archéologie, permettra de travailler sur des populations provenant d’un territoire défini et se répartissant sur une tranche chronologique sans hiatus majeur. Plus de 350 individus comprenant les gisements incontournables et inédits du Néolithique helvétique (Petit-Chasseur, Don Bosco…) seront étudiés.

R_AGE

La détermination de l’âge-au-décès en bioanthropologie rencontre des difficultés non-négligeables du fait de la non-linéarité des phénomènes de croissance et de sénescence qui sont employés pour définir un âge aux individus retrouvés en contexte archéologique. Ceci est tout particulièrement valable pour les individus qui ont achevé leur maturation osseuse. Le projet R_AGE vise à tester et améliorer les méthodes actuellement utilisées pour déterminer l’âge-au-décès des adultes à l’aide de la collection de référence Simon de squelettes identifiés.

Sboryanovo (Bulgarie) – Nécropoles et territoir

(subside FSLA / 2018-2022)

https://www.unine.ch/ia/home/projets-de-recherche/sboryanovo-bulgarie.html

La réserve archéologique de Sboryanovo, au nord-est de la Bulgarie, couvre un territoire de près de 800 ha d’une richesse exceptionnelle, qui témoigne de l’existence, durant le Second âge du Fer, d’un très important centre politique, économique et religieux. Le complexe mis au jour comprend un centre urbain, des sanctuaires et des nécropoles avec plus d'une centaine de tumuli, dont certains ont livré des tombeaux d’une extrême richesse.

Depuis 2014, une mission bulgaro-suisse, dont les bioanthropologues du laboratoire ARCAN, y mène des recherches archéologiques interdisciplinaires. Les données récoltées représentent à l'échelle de la Bulgarie – et des Balkans en général – la plus importante série de vestiges issus d’un contexte funéraire aristocratique des 4e-3e siècles av. J.-C. Le programme concerne, plus particulièrement, la caractérisation, au sens le plus large, de l’occupation funéraire de ce territoire. Il prévoit le réexamen des fouilles anciennes et l’acquisition de données nouvelles en appliquant et en développant des méthodes d’investigations interdisciplinaires sur le terrain et en laboratoire.

La Vallée de Drin au Moyen Age : étude de la nécropole commune de la ville médiévale de Komani (Albanie)

(subside SACAD / 2019-2022)

https://www.efrome.it/la-recherche/archeologie/komani-albanie

La ville médiévale de Komani se localise dans la vallée du Drin dans le nord de l’Albanie. La fouille de ce site est au cœur d’un programme de recherche international et interdisciplinaire : La Vallée de Drin au Moyen Age. L’objectif de ce programme est d’élaborer une réflexion sur les dynamiques de formation et de fonctionnement des sociétés médiévales du monde balkanique méditerranéen, à travers l’étude du peuplement, de l’habitat et l’analyse des productions et des échanges dans cette région de l’Illyricum occidental, carrefour du sud-est Adriatique.

Depuis 2017, les bioanthropologues du laboratoire ARCAN collaborent au programme par l’étude des nécropoles et des espaces funéraires annexes des villes médiévales intégrées dans le programme par l’acquisition de données nouvelles sur le terrain et le réexamen des fouilles anciennes (1961 et 1982/1984). L’équipe mène actuellement des recherches sur la nécropole commune de la ville médiévale de Komani en vue de la fouille, de l’étude et de la valorisation scientifique de l’aire funéraire.

La nécropole mérovingienne d’Aire-la-Ville (Suisse) (OPS/SCA)

https://www.ge.ch/dossier/archeologie-genevoise

L’exploitation d’une gravière a permis de mettre au jour une nécropole mérovingienne dans la campagne genevoise, à Aire-la-Ville, au début de l’été 2022. Une fouille de sauvetage non programmée a rapidement été mise en place par le service cantonal d’archéologie de Genève avec la collaboration des bioanthropologues du laboratoire ARCAN accompagnés d’étudiant.e.s de l’UniGE. Plus d’une vingtaine de sépultures ont été dégagées et fouillées, dont neuf sépultures en coffre et treize en fosse pour lesquelles on suspecte des aménagements en matériaux périssables.

La collaboration entre le service cantonal d’archéologie et le laboratoire ARCAN se poursuit. Les différentes études sont en cours et permettront ainsi de préciser les pratiques et les rituels funéraires de cette aire funéraire mérovingienne.

ARCAN_bioanthropologie_image03.jpg

Les enseignements

 

L’enseignement de la bioanthropologie (ou paléoanthropologie) est également un des points forts du laboratoire ARCAN. Un premier enseignement de niveau bachelor permet aux étudiant.e.s suivant une formation en archéologie préhistorique de s’initier à l’étude des mondes funéraires en débutant par une introduction à l’étude des vestiges humains anciens. Cet enseignement comprend un apprentissage approfondi de l’ostéologie humaine, une acquisition des méthodes de détermination de l’identité biologique ainsi qu’une introduction à l’étude des populations anciennes. Une application concrète à travers l’étude d’une série archéologique clôture ce premier apprentissage. Un enseignement de niveau master permet aux étudiant.e.s d’approfondir leurs connaissances. Il s’agit d’un cours-séminaire bloc présentant les méthodes utilisées en bioanthropologie pour aborder l'histoire des populations anciennes (recrutement funéraire, état sanitaire, activités, alimentation, mobilité...). Un thème en lien avec le cours est développé lors du séminaire. Des interventions ponctuelles dans d’autres enseignements complètent l’introduction à la bioanthropologie dans le cadre de la formation des archéologues préhistoriens.

Des stages de terrain et des stages en laboratoire sont régulièrement proposés aux étudiant.e.s désireux de se former à l’étude des mondes funéraires tant au niveau du bachelor que du master. Lors des stages de terrain, ils/elles peuvent ainsi se familiariser à l’étude pratique des différentes structures funéraires : comprendre les différentes étapes à mener, les techniques de fouilles et d'enregistrement des données, le traitement des vestiges, des sédiments et de la documentation. Lors des stages en laboratoire, ils/elles intègrent une équipe de recherche ou une institution (université, musée, archéologie cantonale, service d’archéologie ou laboratoire ARCAN) afin de découvrir et d'exercer les différentes facettes du métier de bioanthropologue.

ARCAN_bioanthropologie_image04.jpg

Tous ces enseignements peuvent être suivis par des étudiant.e.s d’autres universités souhaitant acquérir les bases de la discipline. Grâce au programme Triangle Azur, les étudiant.e.s des universités de Neuchâtel et de Lausanne peuvent facilement valider les crédits ECTS dans leur cursus et obtenir des aides pour les frais de déplacements (pour plus d’informations : https://www.triangle-azur.ch).
Les étudiant.e.s désirant se spécialiser en bioanthropologie ont aussi la possibilité de poursuivre leur apprentissage dans le cadre des mémoires de bachelor et de master, mais également dans le cadre de thèses de doctorat, encadrés par les spécialistes du laboratoire ARCAN.

Le laboratoire ARCAN accueille ponctuellement des stagiaires en bioanthropologie venant d’horizons divers et variés.

Les activités pour la cité

 

Le retour à la Cité est un élément important. Ainsi des animations individuelles ou en groupes, principalement pour les écoles primaires, cycles ou collèges, sont régulièrement organisées pour y présenter le métier de bioanthropologue.

ARCAN_bioanthropologie_image05.jpg

En outre, les thèmes abordés par les bioanthropologues du laboratoire suscitent un intérêt au-delà du monde scientifique, s’inscrivant dans celui porté par nos sociétés. La diète, la santé, les modes de vie ou encore la mobilité des individus au sein d'une communauté sont des préoccupations toujours d’actualité. De ce fait, les bioanthropologues du laboratoire ARCAN interviennent également lors de cycles de conférences publiques et dans les médias pour y présenter les résultats de leurs recherches.