Ethnoarchéologie et archéologie de l'Afrique

L’ETHNOARCHEOLOGIE ET L’ARCHEOLOGIE DE L’AFRIQUE DES 3 DERNIERS MILLENAIRES  

L’ethnoarchéologie, initiée au Département d’Anthropologie dans les années 1980 par Alain Gallay et développée depuis lors au sein des laboratoires APA puis ARCAN, vise à étudier les cultures matérielles et les comportements au sein des communautés actuelles. Il s’agit de construire des référentiels (ou modèles) liant les faits matériels et leurs interprétations, capables d’aider le processus d’interprétation en archéologie.

Cette stratégie de recherche s’insère dans un ensemble d’études interdisciplinaires cherchant à comprendre les dynamiques techniques, l’histoire des peuplements et l’évolution des modes de vie en Afrique, de l’Age du fer aux temps modernes.

Les méthodes utilisées comprennent des entretiens de recherche, des documentations de processus techniques, des expérimentations, des collections de référence (poteries, poissons, plantes), des fouilles archéologiques et des analyses de laboratoire (datations, pétrographie, chimie organique, tracéologie, etc.). Les thèmes développés concernent principalement la céramique, la métallurgie, l’architecture et l’alimentation.

ethno_1_2.jpg

Les projets de recherche en cours

 

Foodways in West Africa: an integrated approach on pots, animals and plants

 

(FNS Sinergia CRSII5_186324, requérant-e-s: Anne Mayor, Martine Regert et Tobias Haller)

2019-2024: https://data.snf.ch/grants/grant/186324

 

Ce projet FNS Sinergia (2019-2023) propose une approche interdisciplinaire de l’alimentation et de son évolution au fil des deux derniers millénaires au Sénégal. La méthode vise à croiser les résultats d’analyses relevant des sciences naturelles (botanique, zoologie, chimie) et des sciences humaines et sociales (archéologie, histoire, socio-anthropologie), obtenus à partir de plantes et d’animaux consommés, de poteries ayant servi à leur conservation, préparation ou consommation, ainsi que d’archives et d’entretiens de recherche.

L'alimentation en tant que marqueur social, économique et culturel a émergé comme un thème d'intérêt transversal à traiter dans une perspective interdisciplinaire. Ce projet, centré sur le Sénégal des deux derniers millénaires, a pour but de développer une nouvelle méthode pour approcher l’histoire de l’alimentation en combinant différentes analyses des poteries (morphométrique, tracéologique, chimique, phytolithique), ainsi que des plantes et animaux consommés. La reconnaissance des fonctions et contenus des poteries, puis la comparaison entre données ethnographiques et archéologiques permettront de documenter les changements de cuisines sur la longue durée. De plus, des études historiques et socio-anthropologiques basées sur les archives, l'histoire orale et l'observation participante visent à approfondir l'évolution des pratiques aux époques du commerce atlantique dès le XVesiècle, de la colonisation et de la mondialisation.

A l'échelle du Sénégal, cette recherche permettra de comprendre les changements alimentaires survenus au fil du temps et contribueront à la sauvegarde d'un patrimoine culinaire menacé. A l'échelle de l'Afrique, les données bio-archéologiques combleront les lacunes des données portant sur l’émergence et la circulation des plantes et animaux domestiques. Plus largement encore, la méthodologie développée pour l’identification des fonctions des céramiques et de leurs résidus d’origine animale et végétale sera utile pour tous les archéologues. Par ailleurs, le lien avec la situation actuelle fournira des informations clé sur les aspects institutionnels et politiques de la sécurité alimentaire et de la nutrition, notamment pour la compréhension des facteurs entravant la diversité alimentaire actuelle.

foodways_3_4.jpg

Peuplement humain et paléoenvironnement en Afrique – projet Falémé

 

(FNS 10001F_212301, requérantes actuelles : Anne Mayor et Katja Douze)

 

Ce projet a pour objectif la construction de l’histoire du peuplement et des dynamiques techniques et culturelles de la vallée de la Falémé, au Sénégal oriental, depuis le Paléolithique jusqu’aux périodes actuelles. Il comprend près de trois mois de fouilles archéologiques par an sur le terrain. Il est financé essentiellement par le Fonds national suisse de la recherche scientifique et par la Fondation Suisse-Liechtenstein pour les recherches archéologiques suisses à l'étranger (SLSA) et est mené en collaboration avec de nombreux partenaires de France et du Sénégal.

Les principaux axes de recherche développés ayant trait aux 3 derniers millénaires sont:

  • L’étude des traditions céramiques actuelles et leurs transformations techniques et stylistiques depuis le Néolithique
  • L’étude de la variabilité de l’architecture vernaculaire contemporaine, la compréhension des mécanismes à l’origine des emprunts techniques et les évolutions diachroniques
  • Les fortifications endogènes et leur rôle dans le contexte de la traite atlantique
  • L’étude du style et de la composition chimique des perles en verre pour reconstituer leurs provenances et les circuits commerciaux aux époques phénicienne, islamique et atlantique
  • L’étude de l’une des plus ancienne métallurgie du fer au Sénégal, du 4ème s. BCE au 7ème s. CE
  • L’étude de l’habitat de Djoutoubaya, voisin des mines d’or et contemporain des royaumes de Ghana et du Mali, notamment l’architecture, l’artisanat et les pratiques alimentaires.

peuplement_humain.jpg

Gonja project : archéologie et islamisation au nord du Ghana

 

(SLSA, requérant : Denis Genequand)

 

Les objectifs principaux du projet sont d’étudier l’islamisation du nord du Ghana à partir du 16e siècle en reprenant l’étude archéologique du royaume de Gonja. Deux axes de recherches ont été définis.

Le premier et le plus important est l’étude d’un site majeur, Old Buipe, en recourant à des relevés topographiques et à des fouilles extensives pour documenter les états anciens de la ville et son évolution du 15e au 18e-19e siècle.

Le second, très complémentaire, s’attache à l’étude architecturale et à la datation de quelques-unes des dernières mosquées traditionnelles du nord du Ghana, dont la majorité se trouve sur le territoire de Gonja et dont les origines sont encore mal connues (mosquées de Bole, Larabanga, Banda Nkwanta, etc.).

Ce projet est financé par la Fondation Suisse-Liechtenstein pour les recherches archéologiques suisses à l’étranger (SLSA). Il est mené en collaboration avec des collègues du Department of Archaeology and Heritage studies à Accra.

gonja.jpg