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Anne Mayor

Maître d’enseignement et de recherche

Sciences 2, 4-432
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Dans le cadre du laboratoire ARCAN que je dirige, je développe des études interdisciplinaires sur la dynamique des techniques et des cultures matérielles, ainsi que sur l’histoire du peuplement et l'évolution des moyens de subsistance en Afrique, de l'âge du fer à l'époque moderne.
Cette recherche implique différentes approches historiques et analytiques telles que l'archéologie, l'ethno-archéologie, l'histoire, l'archéométrie, la bio-anthropologie, l'archéobotanique et l’archéozoologie.
Je m'intéresse particulièrement à l'établissement de références dans les communautés actuelles, afin de renforcer les interprétations en archéologie.
Après plus de 30 ans de travail sur le terrain en Afrique de l'Ouest, et une thèse de doctorat soutenue en 2005 à l’université de Genève, les principales réalisations de ma carrière sont les suivantes :

Traditions céramiques et identités

Dans un premier temps, je me suis intéressé au thème des liens entre cultures matérielles et identités socioculturelles, un défi récurrent en archéologie. Après avoir participé à l'acquisition de nombreuses données de terrain sur la céramique au Mali central dans le cadre du projet SNF "Etude ethnoarchéologique des traditions céramiques dans le Delta Intérieur du Niger (Mali)", j'ai mis en place un outil d'interprétation archéologique capable d'aborder les questions d'identité ethnolinguistique et d'histoire du peuplement, en combinant les approches ethnoarchéologiques, historiques et archéologiques.
La corrélation des données synchroniques et diachroniques m'a permis de construire un modèle de l'évolution des traditions céramiques sur deux millénaires dans la Boucle du Niger. L'application de ce modèle à la fouille d'un abri-sous-roche occupé entre le VIIe et le XIIe siècle de notre ère a permis de montrer la performance de l'approche pour l'interprétation des sites protohistoriques régionaux.
Ce travail a fait l'objet de plusieurs articles (Mayor et al. 2005 ; Mayor 2010) et d'une monographie (Mayor 2011), récompensée en 2012. En raison de mes connaissances sur la poterie africaine, j'ai été impliquée dans un réseau international de chercheurs (projet financé par le Leverhlme trust) qui a conduit à des publications largement citées (Haour et al. 2010).

Le développement de ce thème de recherche dans le projet Faleme au Sénégal oriental visait à questionner les facteurs influençant l’évolution à long et court terme des traditions céramiques et leur lien avec les empires précoloniaux (Delvoye, Guèye, Mayor, soumis). Elle a aussi inclus des analyses géochimiques de la matière première et des produits finis pour remettre en question l'interprétation des groupes de composition dans les laboratoires et mieux comprendre les choix techniques passés (Cantin, Mayor 2018).

Identification des fonctions céramiques

Après m'être intéressée très tôt à l'usage de la céramique avec une étude sur les facteurs influençant la durée de vie des récipients (Mayor 1994), j'ai repris récemment cette question avec Julien Vieugué (CNRS), dans le cadre d'un projet PHC Germaine de Staël " Fonction de la production et de l'économie de la céramique en Afrique " (2015-16).
Ce projet visait à pallier le manque de modèles d'interprétation de la fonction des récipients céramiques en étudiant une collection de poteries ethnographiques du Mali collectée en 1995 avec le projet précédemment cité (conservation à Genève et Bamako), et en menant des enquêtes spécifiques chez les Bedik au Sénégal. Ces études ont permis de construire une nouvelle méthodologie pour établir les liens entre morphométrie, traces d'usage et fonctions des céramiques. Par ailleurs, des tests en aveugle avec une chimiste, Martine Regert, et une spécialiste des phytolithes, Aline Garnier, ont permis de questionner l'apport du croisement de ces méthodes pour une meilleure identification de la fonction et du contenu de la vaisselle (Drieu et al. 2022).

Complexité sociale et modes de vie en Pays dogon (Mali)

Outre les analyses céramiques, l'étude des vestiges archéologiques et des éléments architecturaux découverts dans les grottes funéraires collectives de la falaise de Bandiagara au Mali dans le cadre du projet SNF " Human population and palaeoenvironment in Africa " m'a permis de proposer une réévaluation de la séquence chrono-culturelle post-néolithique du pays dogon, considérée comme valide depuis 40 ans, et d'étudier des thèmes complémentaires tels que l'évolution de la complexité sociale et les interactions entre groupes. La publication de ces résultats (Mayor et al. 2014) a servi de base à la formulation d'une bourse post-doctorale d'excellence de la Confédération suisse (2015-16), et d'un projet du FNS "Tracking Humans in Pre-colonial West Africa : Étude bio-archéologique en pays dogon (Mali)" (2016-19).
L'étude d'un nouvel ensemble de données - les restes humains des grottes -, en utilisant des méthodes telles que les analyses isotopiques, la pathologie dentaire, la paléo-microbiologie et l'ADN ancien, vise à répondre à des questions sur la biologie et les moyens de subsistance de ces populations, comme la mobilité, le régime alimentaire ou la santé (Mayor et al. 2016).
Ces objectifs nous ont amenés à établir de nouvelles collaborations avec des chercheurs de l'Institut Max Planck à Iéna, spécialistes de la recherche de pathogènes et d'ADN ancien. Les premiers résultats obtenus jusqu'à présent sur la variabilité du régime alimentaire basée sur des analyses isotopiques (Dlamini, Sealy, Mayor 2019) convergent avec des données antérieures sur les modes alimentaires provenant d'études ethnographiques, archéozoologiques et archéobotaniques.

Interdisciplinarité autour des pratiques alimentaires au Sénégal

Mon projet SNF Sinergia "Foodways in West Africa : an integrated approach of pots, animals and plants" (2019-2024, p.i A. Mayor, UniGE, T. Haller, UniBE, & M. Regert, CEPAM-CNRS, Uni Côte d'Azur) s'appuie sur les réalisations de toutes ces expériences précédentes et vise à reconstruire les pratiques alimentaires au Sénégal sur deux millénaires dans une perspective interdisciplinaire, incluant des disciplines des sciences naturelles ainsi que des sciences humaines et sociales, comme l'archéologie, l'ethnoarchéologie, l'archéobotanique, la zooarchéologie, la chimie, l'histoire moderne et l'anthropologie sociale.
Un travail de terrain est en cours sur quatre systèmes alimentaires différents dans divers groupes culturels et environnements du Sénégal, afin de collecter de nouvelles données permettant de répondre à des questions sur la variabilité et l'évolution de l'alimentation dans le passé et le présent, avec les effets de la mondialisation.
L'étude des pratiques alimentaires sur des sites archéologiques du 20ème siècle en Basse-Casamance et en Pays bedik (dir. Pauline Debels) et de la période médiévale dans la vallée de la Falémé (dir. Céline Cervera) et la vallée du fleuve Sénégal (dir. Aïssata Thiam) permettent de discuter de l’évolution des pratiques alimentaires sur plusieurs siècles.

Dynamiques techniques dans la Falémé, Sénégal oriental

Outre l’étude des dynamiques techniques liées à la céramique, cette thématique a été étendue dans le cadre de plusieurs travaux de master et de thèses de doctorat à l’architecture vernaculaire et fortifiée (Pelmoine, Mayor 2020 ; Aymeric 2022), aux perles de verre (Truffa Giachet et al. 2020) et au fer (Walmsley et al. 2020). Ces travaux sont encore en cours de publication.

Enseignements

Je codirige actuellement les programmes de Bachelor en Archéologie préhistorique de la section Biologie, le Master en Archéologie préhistorique de la Faculté des sciences, et la discipline Archéologie préhistorique de la Faculté des Lettres de l’Université de Genève.

J’enseigne personnellement l’ethnologie, l’ethnoarchéologie, la technologie céramique et la protohistoire de l’Afrique, et suis responsable de plusieurs autres séminaires et stages de fouille.

Dans le cadre du master en études africaines du Global studies Institute, j’enseigne un cours obligatoire intitulé « Préhistoire et histoire précoloniale de ‘Afrique » et un cours et séminaire à choix intitulé « Environnement, histoire et sociétés en Afrique ». Je dirige plusieurs travaux de master et de doctorat en archéologie africaine, ainsi que des masters en études africaines.


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