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Project HOME - HOusing in the Margins of Empires: Archaeology and Ethnohistory of settlements in the Megalithic Region of Senegal and The Gambia

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Wanar, vue de drone de la Tranchées du Secteur nécropole

 

(FNS Ambizione PZ00P1_216186 ; Requérant : Adrien Delvoye)

2023-2027 : https://data.snf.ch/grants/grant/216186

Le projet HOME (2023-2027) vise à rassembler les premières données archéologiques et ethnohistoriques de référence sur habitats et contextes domestiques des régions centrales du Sénégal et de Gambie ; dans une région qui fut jusqu’ici principalement étudié pour ses sites funéraires mégalithiques érigés au tournant des 1er et 2e millénaires CE (Gallay et al. 1982 ; Laporte et al. 2012 ; Holl et Bocoum 2014). Avec près de 20'000 monuments mégalithiques répartis sur environ 1987 sites, la Sénégambie rassemble en effet l’une des plus importantes concentrations d’architectures monumentales en pierre du continent africain (Laporte et al. 2017 ; Delvoye 2021), dont certains sont mêmes inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO.

Période majeure de l’Histoire ouest-africaine, le tournant des 1er et 2e millénaires CE coïncide pourtant avec le développement d’entités politiques telles que le Ghâna (5e-13e s.), le Songhay (7e-17e s.) ou le Mâli (13e-17e s.), dont le pouvoir repose sur le contrôle de flux commerciaux reliant des zones aussi éloignées que le Maghreb et le Sahara d’une part, et les espaces sahéliens et forestiers du Golfe de Guinée d’autre part. Dans ce contexte, la Sénégambie apparaît à la fois en périphérie des grands “Empires“ et comme le cœur de sociétés aux productions matérielles uniques, à l’interface entre des espaces géo-climatiques variés irrigués les canaux majeurs que sont les fleuves Gambie, Sénégal et Niger. Malgré quelques données préliminaires (Lawson 2000 ; Gallay 2010 ; Holl et Bocoum 2017), l’étude des modes de vie et d’occupation des territoires par les populations anciennes reste toutefois très lacunaire en Sénégambie. Des aspects aussi centraux que la nature des habitats (formes, matériaux, techniques de construction), les modes de subsistance (ressources végétales et animales) et la culture matérielle de ces sociétés restent encore largement inconnues. Ainsi, comment se positionnent les habitats par rapport aux nécropoles mégalithiques déjà identifiées ? L’absence de buttes anthropiques massives témoignant en d’autres régions de longues périodes d’occupation est-il révélateur d’occupations mouvantes, se reconfigurant au fil des générations ?

L’objectif du projet HOME est d’interroger ces différentes thématiques à travers une approche interdisciplinaire, à la croisée des Sciences humaines et sociales (archéologie, histoire) et des Sciences naturelles (archéobotanique, archéozoologie, géoarchaeologie, géomorphologie, pétrographie céramique). Il s’articule autour d’un volet archéologique (prospections, tranchées diagnostics, fouilles extensives) permettant l’acquisition de données inédites sur les sociétés anciennes, et un volet ethnohistorique (sources écrites arabes et européennes, archives photographiques, sources ethnographiques) autorisant de premiers essais de reconstitution des dynamiques culturelles sur le long terme.

En 2022, de premières prospections préliminaires menées autour des quatre nécropoles mégalithiques UNESCO (Wanar, Siné-Ngayène, Ker Batch, Wassu) avaient permis de reconnaître deux secteurs particulièrement prometteurs pour la conduite des opérations archéologique. Le premier se situe au Sénégal, dans le secteur de Wanar. Ici, de nombreux vestiges céramiques et métallurgiques indiquant des occupations entre les 11e et 13e siècles environ avaient été observés en périphérie de la nécropole mégalithique et à proximité du village actuel éponyme. Le second secteur est localisé en Gambie, dans la région de Ker Batch. D’importants vestiges matériels suggérant de multiples occupations depuis la période médiévale (deux nécropoles mégalithiques, vestiges céramiques épars) jusqu’à la période Atlantique ont ici été mis en évidence en bordure immédiate du fleuve Gambie. Dès le 18e s., ce lieu est mentionné comme un “port“ indigène. Quatre campagnes de fouille sont programmées entre 2023 et 2027 sur ces deux secteurs.

 

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Vue du fleuve Gambie d'un autre probable port ancien à quelques kilomètres à l'est de Nianimaru

 


Collaborateurs scientifiques :

  • Matar Ndiaye - Archéologue (IFAN-UCAD, Sénégal)
  • Hassoum Ceesay - Historien (NCAC, Gambie)
  • Chloé Martin - Topographe (Eveha, France)
  • Irka Hajdas - Géochronologue (ETHZ, Suisse)
  • Louis Champion – Carpologue (IRD, France)
  • Patricia Chiquet - Archéozoologue (MHN Genève, Suisse)
  • Marylise Onfray - Géoarchéologue (INRAP, France)
  • Benjamin Gehres - Pétrologue (CNRS, France)
  • Moustapha Sall – Ethnoarchéologue (UCAD, Sénégal)